Voeux de l'INRER 2021

Par INRER

L’année 2020 a inauguré un cycle de risques démocratiques et sécuritaires accentués par la pandémie et ses effets économiques, des menaces terroristes djihadistes toujours d’actualité selon les derniers rapports français et européens, un déplacement visible de la France vers plus de nationalisme, et s’est couronnée par une attaque directe des complotistes QAnon et des suprémacistes nostalgiques du nazisme Proud Boys contre le Capitole de la plus grande démocratie du monde, à l’instigation de son propre Président.

Le terrorisme djihadiste est mené par des individus qu’embrigadent des recruteurs. Dans la vision du monde qu’ils leur proposent, se mêlent un discours sur un âge d’or fantasmé et falsifié de l’islam et l’évocation d’injustices réelles ou imaginaires autour de l’idée d’un complot contre l’islam qui serait le fait du monde non-musulman : un combat terminal et apocalyptique opposerait le Bien (l’islam des terroristes) et le Mal (l’ensemble du monde non-musulman et le monde musulman ne partageant pas leur vision, c’est-à-dire l’immense majorité des musulmans du monde).

Ce combat imaginaire entre le Bien et le Mal est une vision partagée notamment par la mouvance conspirationniste QAnon, qui rassemble de forts soutiens de Donald Trump et dont l’activisme sur les réseaux sociaux a conduit à l’insurrection sur le Capitole le 6 janvier.

C’est aussi un motif essentiel dans le terrorisme d’extrême droite, fruit d’un embrigadement où se mêle un discours sur un âge d’or fantasmé et falsifié de l’histoire « occidentale » et l’évocation d’un complot qui serait le fruit du monde musulman : le grand remplacement.

Les attentats terroristes djihadistes qui se sont succédé ces dernières années et qui représentent toujours une grave menace font l’objet de discours politiques qui ont polarisé le débat public et ouvert la voie aux narratifs de l’extrême droite, dans lesquels s’engouffrent des États hostiles à la France et à l’Union européenne.

Un discours a infusé sur une recherche d’identité vitale, basée sur la réécriture mythologique de l’histoire du pays, de la loi de 1905 à Vichy.

L’INRER a analysé ces phénomènes dès 2015 et s’est constitué en 2016 non pas pour « lutter contre la radicalisation » comme c’était le cas de nombre d’associations à l’époque, mais pour apporter des réponses plurielles à ces tendances, dans le but d’éclairer membres et public en quête de compréhension fine des événements, d’apaiser un débat public marqué par une histrionisation croissante, de réinjecter de la factualité dans la circulation de l’information, de ramener de la raison au cœur de la République, de rendre à la dispute démocratique la place cruciale qui est la sienne.

Depuis cinq ans, l’INRER publie et fait intervenir des invités dont l’expertise est reconnue par leurs pairs sur tous les sujets dont nous nous préoccupons: menaces terroristes, problématiques laïques, extrémismes politiques et religieux, racisme et antisémitisme, désinformation.

Notre contre-discours, patient, pensé dans la profondeur et le temps long, s’est tissé dans ce kaléidoscope et nous comptons sur vous pour nous aider à poursuivre ce travail.

Votre aide, si modeste qu’elle soit, nous est vitale. Nous savons que vous êtes sollicités par tant de choses, et que vos difficultés personnelles sont souvent grandes. Mais sans vous, nous ne pourrons poursuivre, à la place qui est la nôtre, la bataille de la raison et de la démocratie, qui conditionne purement et simplement notre avenir.

Avec nos vœux d’une année plus digne et moins périlleuse, et avec les vifs remerciements anticipés de l’INRER qui ne peut rien que grâce à vous.

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