Par Alexandre Journo

Tout comme son prĂ©facier, l’historien post-sioniste Shlomo Sand, s’était employĂ© Ă  prouver que le peuple juif n’existerait pas, Julien Cohen-Lacassagne s’évertue, dans un pamphlet publiĂ© rĂ©cemment, BerbĂšres juifs, Ă  enfoncer le clou, par l’argument de la race et du sang. AnimĂ© de bonnes intentions, son texte fourmille d’erreurs grossiĂšres. Critique.

BerbĂšres juifs, c’est le titre de l’ouvrage de Julien Cohen-Lacassagne rĂ©cemment publiĂ© aux Ă©ditions La Fabrique (1), et prĂ©facĂ© par Shlomo Sand (2). Le choix du prĂ©facier est Ă©clairant : le principal fait d’arme de Sand est son affirmation que le peuple juif n’existe pas (3), sa thĂšse consistant Ă  faire des Juifs d’Europe des Khazars (4) convertis au judaĂŻsme.

Cohen-Lacassagne lui emboĂźte le pas et tente de dĂ©montrer que le peuple juif est Ă©galement une invention en Afrique du Nord, oĂč il serait en rĂ©alitĂ© composĂ© de BerbĂšres convertis.

Une vision tronquĂ©e de l’Histoire

La prĂ©face de Sand annonce le propos du livre : si cette histoire de BerbĂšres convertis est passĂ©e sous silence – ce qu’elle n’est pas (5) –, c’est que, selon lui, « de nombreux juifs ont des rĂ©ticences Ă  ĂȘtre assimilĂ©s Ă  des BerbĂšres ou Ă  des Arabes Â». Exprimeraient-ils cette rĂ©ticence par un racisme larvĂ©, une norme blanche intĂ©riorisĂ©e ? Que dire alors des BerbĂšres qui refusent d’ĂȘtre assimilĂ©s Ă  des Arabes dans la rĂ©affirmation de leur tunisianitĂ© ou algĂ©rianitĂ© ? Ou encore des « indigĂšnes Â» que La Fabrique Ă©dite (Houria Bouteldja en premier lieu) et qui ont des rĂ©ticences Ă  ĂȘtre assimilĂ©s Ă  des Français ? Pourquoi ne pas voir lĂ  une revendication d’autodĂ©termination ?

Il n’y a du reste aucune honte Ă  ressembler physiquement Ă  un Arabe ou Ă  un BerbĂšre, ni Ă  s’habiller comme un Arabe ou un BerbĂšre. D’une part, l’origine judĂ©enne revendiquĂ©e par l’historiographie juive traditionnelle est tout autant non-blanche que le sont les origines arabes et berbĂšres.

D’autre part, l’auteur de ces lignes est indiscernable de n’importe quel autre MĂ©diterranĂ©en du Sud, MaghrĂ©bin, Arabe ou Levantin, et ses grands-parents Ă©taient sur des photos habillĂ©s Ă  l’arabe.

Mais quoi de mieux que l’insinuation pour introduire le doute ? Nous n’avons pas lĂ  affaire Ă  un ouvrage d’histoire, encore moins Ă  une histoire des conversions des BerbĂšres au judaĂŻsme, mais Ă  une relecture de toute l’histoire juive, et Ă  un pamphlet sur les intentions anti-arabes supposĂ©es de l’historiographie juive et occidentale. Un pamphlet qui appuie ses thĂšses sur des schĂ©mas idĂ©ologiques connus, dont par exemple, prĂ©senter le film Shoah comme une propagande orchestrĂ©e par Claude Lanzmann, et visant Ă  disculper l’Allemagne et l’Europe occidentale de leur antisĂ©mitisme au dĂ©triment de l’Est, c’est-Ă -dire de la Pologne – il tire cet angle dĂ©sastreux de Shlomo Sand, dans Le XXe siĂšcle Ă  l’écran (6). Et par lĂ , de repousser l’antisĂ©mitisme aux confins orientaux, d’abord la Pologne, avant de faire porter le stigmate aux Arabes.

Cohen-Lacassagne dĂ©nonce l’instrumentalisation de l’antisĂ©mitisme, l’instrumentalisation des origines judĂ©ennes, et celle des origines sĂ©farades des Juifs du Maghreb. Mais lui-mĂȘme instrumentalise sans vergogne l’origine berbĂšre et les mythes fondateurs berbĂšres – la Kahina (7) – pour sa nĂ©gation de l’identitĂ© juive.

Il rĂ©interprĂšte alors l’histoire juive Ă  l’aune de la thĂšse selon laquelle le judaĂŻsme n’est pas une ethno-religion, mais une religion comme les deux autres monothĂ©ismes. Si bien que mĂȘme l’histoire des HasmonĂ©ens contre les Grecs (8) – cĂ©lĂ©brĂ©e comme mythe prĂ©cisĂ©ment national dans la tradition juive lors de la fĂȘte de Hanoucca â€“ est relĂ©guĂ©e Ă  un conflit thĂ©ologique, de mĂȘme nature que les conflits internes des royaumes historiques de Juda et IsraĂ«l sur le culte, voire qu’un Ă©change de responsa rabbinique (9). La question de la domination Ă©trangĂšre et de la souverainetĂ© juive sur la JudĂ©e contre Babylone, l’Égypte ou la GrĂšce, est ignorĂ©e.

La « race juive Â» qui n’existe pas

Dans son livre et dans les diverses interviews donnĂ©es depuis sa sortie – Le PointL’HumanitĂ© et RT France (10) â€“, Cohen-Lacassagne dĂ©taille les intentions de cette « enquĂȘte Â», et il me semble que tout rĂ©side dans cette intention : faire de la conversion la seule piste possible pour expliquer l’existence de Juifs d’Afrique du Nord, Ă©cartant toutes les pistes diasporiques.

Les Juifs d’Afrique du Nord, communĂ©ment appelĂ©s « SĂ©farades Â», seraient donc, selon lui et afin de prouver cette thĂšse, des BerbĂšres convertis au judaĂŻsme. Cela peut s’entendre pour une partie d’entre eux, et n’importe quel traitĂ© d’histoire juive en fait mention, dĂ©crivant la judaĂŻcitĂ© d’Afrique du Nord comme un palimpseste de migrations et de conversions, des expulsions de communautĂ©s judĂ©ennes du IIIe siĂšcle avant J.-C., Ă  l’immigration livournaise aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, en passant par les exilĂ©s de la pĂ©riode romaine, les conversions berbĂšres, et des expulsĂ©s d’Espagne (les vĂ©ritables SĂ©farades).

La prĂ©face de Sand et les interviews donnĂ©es par Cohen-Lacassagne indiquent comment lire l’ouvrage : si les Juifs ne sont pas issus de JudĂ©e, non seulement leur lien avec la JudĂ©e antique – et donc le sionisme â€“ sont caducs, mais leur prĂ©tention Ă  faire peuple l’est aussi. Qu’importe qu’ils l’aient fait et qu’ils le fassent encore avec les autres Juifs, AshkĂ©nazes et Orientaux : ils n’y ont pas droit ; leur prĂ©tention Ă  faire peuple est inauthentique. Et c’est lĂ  que se situe le caractĂšre nocif de l’ouvrage, Ă©tonnamment paradoxal pour un pamphlet qui se voudrait « antiraciste Â» : il n’y aurait de peuples authentiques que les peuples homogĂšnes ethniquement, les BerbĂšres et les Khazars. La culture commune, la volontĂ© de sceller son destin ensemble ne valent rien, seule la race est authentique.

Ainsi, en feignant de torpiller l’homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique des Juifs (ce qui est faux) et leur tropisme supposĂ©ment « völkisch Â» â€“ conception ethnique et suprĂ©maciste de la nation issue du romantisme et du nĂ©o-paganisme allemands, prĂ©lude Ă  l’antisĂ©mitisme nazi (11) â€“, c’est ce terme Ă©minemment sulfureux que Cohen-Lacassagne associe Ă  l’historiographie du judaĂŻsme et utilise plusieurs fois dans son livre – ce Ă  quoi, du reste, ils n’ont jamais prĂ©tendu â€“, Cohen-Lacassagne rĂ©instaure de fait la primautĂ© de l’homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique. D’aprĂšs lui, les Juifs prĂ©tendraient Ă  l’homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique, Ă  la limpieza de sangre (12), mais leur faute ne serait pas mĂȘme lĂ  de tenir l’homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique comme rĂ©fĂ©rence pour faire peuple, mais que cette homogĂ©nĂ©itĂ© ne soit dans leur cas qu’un mensonge !

Ce qui compte pour l’auteur, c’est le sang, c’est l’ascendance gĂ©nĂ©tique avant la conversion ; ce qu’il opĂšre ici, c’est une rĂ©duction Ă  la race. Avec beaucoup de confusion, Cohen-Lacassagne mĂȘle les notions de peuple Ă©lu et de conversion, pour laisser entendre que l’unitĂ© revendiquĂ©e des Juifs serait ni plus ni moins
 qu’un suprĂ©macisme. Et pour asseoir son propos, il lui suffit de tracer un signe d’égalitĂ© entre l’antisĂ©mitisme europĂ©en et le nationalisme juif qu’est le sionisme, les deux dĂ©coulant selon lui d’une conception völkisch de l’identitĂ©, conception qu’il assume en rĂ©alitĂ© lui-mĂȘme en dĂ©niant les mouvements de mixitĂ© ethniques antiques !

Le judaïsme séfarade comme construction sociale

Dans son interview au Point, il affirme que « cherchant Ă  construire une homogĂ©nĂ©itĂ© en exploitant le mythe d’un peuple juif exilĂ© aprĂšs la destruction du Second Temple de JĂ©rusalem, en 70 apr. J.-C. Â», Â« tout juif serait un descendant des expulsĂ©s de JudĂ©e Â». Cette homogĂ©nĂ©itĂ© est en effet construite, mais :
1. Elle est d’autant plus tangible qu’elle est construite, parce qu’elle manifeste le dĂ©sir commun d’exister ensemble dans le futur.
2. Il n’est pas besoin de descendre prĂ©cisĂ©ment de JudĂ©e pour se rattacher au destin des exilĂ©s de JudĂ©e, ce qu’ont fait tous les convertis au judaĂŻsme depuis Ruth (“Car partout oĂč tu iras, j’irai; oĂč tu demeureras, je veux demeurer; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu.” Ruth 1:16, traduction du rabbinat).
3. Il fait fi d’une dimension essentielle du peuple juif : la rĂ©fĂ©rence constante Ă  IsraĂ«l (au Bnei IsraĂ«l, au â€˜am IsraĂ«l, au Dieu d’IsraĂ«l).

Toutes les pistes explorĂ©es sont des pistes ethniques (les exils, les BerbĂšres), mais la rĂ©fĂ©rence commune semble omise. La descendance de JudĂ©e n’est pas une « idĂ©e reçue Â» qu’il s’agirait de dĂ©boulonner, c’est une rĂ©fĂ©rence commune, un passĂ© commun que les adjonctions de convertis ne viennent pas dĂ©mentir. Quand Cohen-Lacassagne mentionne par exemple les rabbins lorrains envoyĂ©s en AlgĂ©rie, il n’y voit pas une mission mue par l’idĂ©e d’une communautĂ© de destin chez ces rabbins lorrains, mais une appropriation, une assimilation forcĂ©e Ă  la blanchitĂ© contre la berbĂ©ritĂ©, dans une sorte de falsification völkisch du judaĂŻsme.

Dans sa logique, si les exils et les expulsions ne peuvent expliquer seuls la prĂ©sence juive en Afrique du Nord jusqu’à la dĂ©colonisation, alors les Juifs du Maghreb sont berbĂšres, et ce sont des BerbĂšres juifs – terminologie jamais revendiquĂ©e par les « concernĂ©s Â», les Juifs d’Afrique du Nord â€“, et leur judaĂŻsme n’est donc qu’une construction sociale.

Un antisémitisme exclusif

Cohen-Lacassagne poursuit son entreprise de falsification en n’identifiant l’antisĂ©mitisme subi par les Juifs d’Afrique du Nord  qu’à l’antisĂ©mitisme d’importation europĂ©enne, un antisĂ©mitisme qui daterait de Drumont uniquement, niant au passage tout antisĂ©mitisme antĂ©rieur au XXe siĂšcle dans cette rĂ©gion du globe. Aucun historien sĂ©rieux n’établit de comparaison entre l’antisĂ©mitisme nazi et les expulsions et pogroms de l’Europe chrĂ©tienne d’une part et, d’autre part, le statut des Juifs en terre d’Islam, mais ces derniers avaient bien un statut infĂ©rieur et ont connu des situations d’oppression plus ou moins intenses selon les rĂ©gions et les Ă©poques (13). L’existence mĂȘme, Ă  la fois de ce statut d’infĂ©rioritĂ©, et du rapport des Juifs aux souverains montre prĂ©cisĂ©ment l’existence d’un groupe distinct, qu’on ne peut rattacher de force Ă  une identitĂ© berbĂšre.

Wilhelm Marr – La voie vers la victoire de la germanitĂ© sur la judĂ©itĂ© , 1880.

Du reste, si les Juifs d’Afrique du Nord Ă©taient des BerbĂšres juifs, pourquoi Ă©taient-ils si inconfortables dans les États maghrĂ©bins indĂ©pendants, qui se sont construits sur l’identitĂ© majoritaire, arabe et musulmane ? Ils devraient, selon la logique de Cohen-Lacassagne, partager l’identitĂ© commune arabe, berbĂšre ou maghrĂ©bine. Or, ils en ont Ă©tĂ© exclus, y compris ceux qui ont participĂ© Ă  la dĂ©colonisation, et ces États ont Ă©tĂ© construits pour leurs populations majoritaires seules. Pour Cohen-Lacassagne, cela ne semble procĂ©der que d’une sĂ©paration qu’il impute Ă  la colonisation, une sĂ©paration factice, mais manifestement irrĂ©versible.

Un drĂŽle d’usage des causalitĂ©s

Toute son entreprise est fondĂ©e sur un donc fautif : les Juifs d’Afrique du Nord sont uniquement issus de conversions de BerbĂšres (l’expulsion d’Espagne est pourtant bien documentĂ©e, l’installation de JudĂ©ens aussi) donc les Juifs n’existent pas. Le livre collectionne ainsi des faits dĂ©jĂ  connus (les conversions berbĂšres ont-elles dĂ©jĂ  Ă©tĂ© niĂ©es ?), interprĂ©tĂ©s de maniĂšre trĂšs personnelle, souvent sans rapport avec le titre du livre (il consacre plus de pages Ă  l’histoire de la JudĂ©e antique qu’aux conversions berbĂšres), pleins d’angles morts (la piste berbĂšre peut-elle tout expliquer ou est-elle, elle aussi, insuffisante ?). Au fond, on pourrait dire que l’ouvrage est un simple prĂ©texte pour servir ce donc initial et somme toute prĂ©alable Ă  son raisonnement.

En interview, d’ailleurs, l’auteur se concentre sur la consĂ©quence de sa recherche : donc le peuple juif n’a pas existĂ© et n’existe pas. On sait quel usage il sera fait de cette thĂšse : dĂ©montrer Ă  un public antisioniste que le peuple juif n’a jamais existĂ© et n’existe pas, que son autodĂ©termination est une entreprise coloniale, et qu’IsraĂ«l, construit sur cette notion de peuple juif, n’aurait jamais dĂ» ĂȘtre. Pour nier l’autodĂ©termination politique que fut le projet sioniste, il lui fallait d’abord effacer l’autodĂ©nomination « Juif ». La conclusion qu’il tire de cet effacement implique, bien sĂ»r, la nĂ©gation d’un peuple et d’un pays, IsraĂ«l : car oĂč sont les JudĂ©ens, dans ce cas, s’ils ne sont nulle part parmi la judaĂŻcitĂ© d’Afrique du Nord, de souche berbĂšre, ni parmi la judaĂŻcitĂ© d’Europe, de souche khazar (selon Shlomo Sand) ? La rĂ©ponse est simple : puisqu’ils n’ont jamais Ă©tĂ© expulsĂ©s par Rome, ce sont donc les Palestiniens.

Les « Juifs Â», une invention chrĂ©tienne

Dans la logique de Cohen-Lacassagne, l’histoire juive se fait sans les Juifs, ils ne sont nullement des agents moraux dans leur propre histoire. S’il y a ethno-religion, elle n’est dĂ©finie et imposĂ©e que par le christianisme et les Ă©crits de Tertullien. S’il y a transmission matrilinĂ©aire du judaĂŻsme, elle est, suggĂšre l’auteur, imposĂ©e par l’interdiction des mariages mixtes par la Rome chrĂ©tienne, sans que la rĂšgle d’Esdras ne soit nullement mentionnĂ©e (scribe juif exilĂ© Ă  Babylone, personnage de la Bible ayant formalisĂ© la rĂšgle de matrilinĂ©aritĂ©). De mĂȘme, c’est la colonisation française qui, en sĂ©parant les Juifs d’Afrique du Nord des autres populations indigĂšnes, en fait un corps dĂ©sormais sĂ©parĂ©. Les Juifs sont faits nation par la chrĂ©tientĂ©, race par l’Europe, peuple par d’autres facteurs hĂ©tĂ©ronomes. L’autodĂ©finition n’intĂ©resse jamais l’auteur. Ils sont faits entiĂšrement par l’autre, des premiers siĂšcles Ă  la colonisation française.

MaĂŻmonide (14) est ainsi fait uniquement Arabe par Cohen-Lacassagne, qui mentionne, prĂ©tend-il, son vrai et authentique nom, selon lui : AbĂ» Imran MĂ»ssa ibn MaĂŻmĂ»n. Ce faisant, il tronque le nom complet en arabe, qui ajoute ibn Abdallah al-Kurtubi al-YahĂ»di, soit « fils d’Abdallah le Cordouan juif », et il arrive mĂȘme Ă  parler de l’acronyme hĂ©braĂŻque rabbinique dĂ©signant MaĂŻmonide, « Rambam », comme un « acronyme sĂ©mitique » (sic) de « Rabbi Moussa Ben MaĂŻmĂ»n ».

Maïmonide, Abû Imran Mûssa ibn Maïmû ibn Abdallah al-Kurtubi al-Yahûdi.

Parmi ces contresens, il explique que la langue judĂ©o-arabe n’est rien d’autre que de l’arabe transcrit en hĂ©breu, Ă  l’inverse du « vĂ©ritable dialecte qu’est le yiddish Â» (sic), quand ces deux dialectes prĂ©sentent le mĂȘme rapport respectivement Ă  l’arabe et Ă  l’allemand (15).

Faux et usage de faux

Cohen-Lacassagne commence par prĂ©ciser sa mĂ©thode, avant son exposĂ© des faits (un grand traitĂ© d’histoire juive qui ne traite pas spĂ©cifiquement du Maghreb) : Â« L’histoire sait fort bien fabriquer du mensonge en employant des faits Â».

Dans tout le livre, il jouera au bonneteau et sĂšmera la confusion sur tous les faits qu’il prĂ©sente. Il jouera la carte de l’iconoclaste, du briseur de tabous, feignant de dĂ©couvrir ce qui fait partie du rĂ©cit standard de l’histoire juive. Il dĂ©couvre ainsi que les « SĂ©farades Â» ne sont pas tous issus de SĂ©farad (16), en montrant qu’il y avait en 1492 des megorashim (expulsĂ©s) et des toshavim (rĂ©sidents), reprenant lĂ  une terminologie classique et exprimĂ©e en hĂ©breu.

Pour dĂ©montrer que les Juifs d’Afrique du Nord sont de souche berbĂšre, Cohen-Lacassagne use d’une stratĂ©gie du chaudron (17) :
1. Peut-ĂȘtre que les SĂ©farades sont de race israĂ©lite, mais pas les toshavim qui sont authentiquement berbĂšres.
2. MĂȘme les SĂ©farades, peu nombreux parmi les Juifs d’Afrique du Nord, sont en rĂ©alitĂ© des BerbĂšres juifs qui ont suivi la conquĂȘte musulmane de l’Andalousie. Qu’importe qu’il Ă©crive aussi, par ailleurs, venant se dĂ©mentir lui-mĂȘme, qu’ils Ă©taient dĂ©jĂ  prĂ©sents en Espagne sous les Wisigoths, il faut qu’ils soient berbĂšres.
3. Les BerbĂšres juifs ont Ă©tĂ© convertis par des migrants (colons, exilĂ©s) du Levant, mais ces Levantins Ă©taient des PhĂ©niciens judaĂŻsants, des Puniques, et pas des JudĂ©ens. Il relate d’ailleurs, dans les mĂȘmes pages, l’expulsion des Juifs sicaires (rĂ©voltĂ©s contre Rome) entre 70 et 135 de la JudĂ©e vers la CyrĂ©naĂŻque (actuelle Libye), mais il conclut que ce sont nĂ©cessairement des PhĂ©niciens et non des JudĂ©ens qui ont apportĂ© le judaĂŻsme.
4. Les Juifs de la MĂ©diterranĂ©e n’ont pas de lien ethnique avec la JudĂ©e, puisqu’ils n’ont pas pu ĂȘtre des exilĂ©s de 70, inexistants et en mĂȘme temps non-Juifs, puisqu’il y avait dĂ©jĂ  des Juifs dans le pourtour mĂ©diterranĂ©en, du fait de l’exil de -587. Un exil ? Cohen-Lacassagne Ă©crit pourtant dans la mĂȘme phrase que l’aspiration au retour ne s’ancre donc nullement dans l’histoire d’un peuple expulsĂ©, donc exilĂ©.
5. Les JudĂ©ens n’avaient dĂ©jĂ  pas le sang pur, ils sont mĂȘlĂ©s de populations converties, et leurs rois sont idumĂ©ens (c’est-Ă -dire de la rĂ©gion situĂ©e autour de Beer-Sheva, un Ă©vĂ©nement relatĂ© dans l’histoire juive traditionnelle, nullement nouveau). Le thĂšme d’une impuretĂ© du sang comme vĂ©ritĂ© cachĂ©e, donc

6. DerniĂšre Ă©tape de cette logique du chaudron : les BerbĂšres, affirme Cohen-Lacassagne, avec une pointe d’ironie satisfaite, descendraient des CananĂ©ens expulsĂ©s lors de la conquĂȘte de JosuĂ© et des Bnei Israel aprĂšs la sortie d’Égypte, et seraient ainsi les allocataires lĂ©gitimes et authentiques de la Palestine. Que dire alors des « BerbĂšres juifs » ?

Le judaĂŻsme d’Afrique du Nord serait ainsi punico-berbĂšre, la premiĂšre ascendance expliquant l’implantation du judaĂŻsme sans JudĂ©ens ethniques, la seconde le caractĂšre autochtone des Juifs d’Afrique du Nord. La logique confine Ă  l’absurde.

Tertullien

Ainsi, quand il cite Tertullien : « Ceux qui s’appellent Juifs s’appelaient autrefois HĂ©breux : aussi leur alphabet et leur langue s’appellent encore hĂ©braĂŻque Â», il entend souligner la parentĂ© linguistique entre le punique et l’hĂ©breu, et prouver ainsi que les premiers Juifs d’Afrique du Nord Ă©taient puniques et non judĂ©ens. Mais c’est en fait pour dĂ©montrer, dix pages plus loin, que la conception ethno-religieuse (« descendants des HĂ©breux Â») du judaĂŻsme est une invention chrĂ©tienne, et que le judaĂŻsme vĂ©ritable n’a au fond rien d’ethno-religieux.

Tout est judaïsant, rien n’est juif

SystĂ©matiquement, lorsqu’il Ă©voque les conversions, et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les influences, Cohen-Lacassagne les assortit d’une sorte de honte qu’éprouveraient les Juifs s’ils venaient Ă  les dĂ©couvrir – alors mĂȘme, redisons-le, qu’elles sont connues et transmises depuis de longues gĂ©nĂ©rations dans les cultures juives.

Plus encore, « Juif Â» est pour lui un allĂšle rĂ©cessif : tout ce qui touche un Juif le transforme (un sang Ă©tranger, une idĂ©e Ă©trangĂšre). Tout ce que touche le Juif reste authentiquement ce qu’il Ă©tait auparavant, il ne gagne que l’adjectif « judaĂŻsant Â».

On peut, et on doit, Ă©tudier ce que le judaĂŻsme doit aux autres religions et aux autres nations. Thomas Römer a par exemple consacrĂ© son cours du CollĂšge de France cette annĂ©e aux influences extĂ©rieures au judaĂŻsme dans la rĂ©daction et la fixation de la Bible. Mais au jeu des influenceurs et influencĂ©s, le judaĂŻsme perd toujours chez Cohen-Lacassagne : il est impropre de parler de judaĂŻsme ou de juif tout court, selon lui. C’est le drame de l’authenticitĂ© : tout apport externe, culturel ou de population, au judaĂŻsme, en fait quelque chose de judĂ©o-persan, judĂ©o-punique, judĂ©o-phĂ©nicien, judĂ©o-arabe, dans le meilleur des cas, mais jamais vraiment pleinement et authentiquement juif. À l’inverse, quand il s’agit des BerbĂšres, l’authenticitĂ© est inaltĂ©rable, et les BerbĂšres juifs sont rĂ©ductibles Ă  des BerbĂšres tout court. C’est encore la primautĂ© du sang.

Sans Juifs, quid de l’antisĂ©mitisme ?

Les conversions semblent sans consĂ©quence sur le devenir historique. Elles s’opĂšrent sur des BerbĂšres dont la culture est dĂ©jĂ  proche des pratiques juives (la circoncision, notamment), elles n’exigent pas une pratique complĂšte. On peut se demander alors comment le judaĂŻsme s’est transmis sur des bases si friables. Le judaĂŻsme se trouve ainsi inexistant, et s’il est diffusĂ© par des exilĂ©s judĂ©ens Ă  Babylone, c’est une religion judĂ©o-perse qui est diffusĂ©e.

Enfin, Cohen-Lacassagne n’étaye pas le moins du monde sa thĂšse sur les conversions massives. Il se pose en contempteur d’une doxa dominante (l’homme de paille de la puretĂ© ethnique dont se revendiqueraient les Juifs) sans daigner ĂȘtre spĂ©cialiste de son propre sujet : la conversion des BerbĂšres au judaĂŻsme.

Il distille des Ă©lĂ©ments qui pourraient suggĂ©rer des conversions. Par exemple, la mĂšre de l’historien Benjamin Stora, parce qu’habillĂ©e en berbĂšre sur des photos d’enfance, serait issue de convertis rĂ©cents. Mais dans le reste du livre, il date la conversion des BerbĂšres
 des premiers siĂšcles de notre Ăšre. LĂ  oĂč Shlomo Sand indique que le prosĂ©lytisme est interrompu par le triomphe du christianisme, Julien Cohen-Lacassagne suggĂšre, par cette rĂ©fĂ©rence Ă  Benjamin Stora, de le dater du dĂ©but du XXe siĂšcle.

Pour prouver le prosĂ©lytisme et la plasticitĂ© du judaĂŻsme, malheureusement, affirme-t-il, bĂȘtement repliĂ© depuis, il indique que jusqu’au IIe siĂšcle, les synagogues et cimetiĂšres juifs accueillaient des judĂ©o-chrĂ©tiens, comme s’il s’agissait d’étrangers au judaĂŻsme. C’est omettre que les judĂ©o-chrĂ©tiens Ă©taient encore juifs, qu’ils fussent judĂ©ens ou issus d’autres peuples convertis Ă  un judaĂŻsme messianique, pas encore pleinement scindĂ© du judaĂŻsme. Inversement, le prosĂ©lytisme chrĂ©tien est, dans d’autres pages de son texte, prĂ©sentĂ© comme la preuve du prosĂ©lytisme juif – parce les deux ne sont pas encore scindĂ©s, ce qui est vrai de l’un est vrai de l’autre.

On constate que, sur ce sujet-ci encore, l’auteur ne semble voir aucun inconvĂ©nient Ă  manier les mĂȘmes faits pour les tordre selon sa convenance, d’un chapitre Ă  l’autre, sans craindre de briser ses propres raisonnements.

Cet essai est donc du pain bĂ©ni pour la rhĂ©torique fallacieuse qui nie l’antisĂ©mitisme en tirant profit de l’Ă©tymologie dĂ©fectueuse – comme l’explicite trĂšs bien Gilles Karmasyn (18) â€“ arguant que les Juifs ne seraient pas les seuls « SĂ©mites » et considĂ©rant par lĂ  que les « SĂ©mites Â» constituent une race et non un groupe linguistique. Ainsi, non seulement les Juifs ne seraient pas les seuls « SĂ©mites Â», mais ils ne seraient pas « SĂ©mites Â» du tout. Et si les Juifs, peuple inexistant, ne sont pas Â« sĂ©mites Â», l’antisĂ©mitisme serait alors, lui aussi, une invention ?


1. Julien Cohen-Lacassagne, BerbĂšres juifs, La Fabrique, 2019. Voir la prĂ©sentation de l’éditeur : https://lafabrique.fr/berberes-juifs/
2. Page de prĂ©sentation de Shlomo Sand et de ses publications sur le site de l’universitĂ© de Tel Aviv.
3. Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventĂ©, Paris, Fayard, 2008.
4. Les Khazars sont un peuple semi-nomade d’Asie Centrale, de la GĂ©orgie Ă  l’Ukraine. La thĂšse de l’origine khazare des Juifs ashkĂ©nazes trouve son origine dans le fait que des chefs khazars, voire une partie de leurs tribus, se sont convertis au judaĂŻsme du VIIIe  au IXe siĂšcle. L’Ă©tendue, voire la rĂ©alitĂ©, de ce prosĂ©lytisme reste dĂ©battue, et cette thĂšse est utilisĂ©e, depuis Sand, pour nier l’existence d’un peuple juif. Les milieux soraliens sont trĂšs friands de cette thĂšse.
5. Voir Nahum Slouschz, JudĂ©o-hĂ©llĂšnes et JudĂ©o-berbĂšres, Ernest Leroux Éditeur, Paris, 1909, abondamment citĂ© par Julien Cohen-Lacassagne dans son livre ; AndrĂ© Chouraqui, Les Juifs d’Afrique du Nord, 1952, Ă©galement citĂ© par Cohen-Lacassagne ; David CazĂšs, Essai sur l’histoire des IsraĂ©lites de Tunisie, Paris, 1888, rĂ©Ă©ditĂ© sous le titre Essai sur l’histoire des Juifs de Tunisie par les Ă©ditions Jasyber Ă  Marseille en 1988, Maurice Eiseinbeth, Le judaĂŻsme nord-africain, Ă©ditions Braham, 1932.

6. Shlomo Sand, Le XXe siĂšcle Ă  l’écran, Seuil, 2004. Voir la recension : François AlbĂ©ra, « Shlomo Sand, Le XXe siĂšcle Ă  l’écran Â», revue 1895, 2004, n°44, pp. 125-130. C’est de cette instrumentalisation que se sert le PiS (le parti ultraconservateur polonais Droit et Justice) depuis quelques annĂ©es pour nier tout antisĂ©mitisme polonais lors de la Shoah.
7. Voir JoĂ«lle Allouche-Benayoun, recension de La Kahina de GisĂšle Halimi, revue Clio, n°30, p. 265-267, 2009.
8. Épisode de l’histoire juive relatĂ© dans les livres des MaccabĂ©es, retenu dans la Septante mais pas dans la Bible hĂ©braĂŻque, et cĂ©lĂ©brĂ© lors de la fĂȘte de Hanoucca.

9. Responsa rabbinique : voir Wikipedia.
10. Interview au Point, Ă  L’HumanitĂ© et Ă  RT France (l’une des chaĂźnes numĂ©riques de propagande du gouvernement de Vladimir Poutine).
11. Voir Georges Mosse, Les racines intellectuelles du troisiĂšme Reich, Calmann-Levy, 2006. 

12. Concept de la Reconquista renvoyant Ă  la qualitĂ© de vieux chrĂ©tien dĂ©nuĂ© d’ascendance juive ou maure, et utilisĂ© aujourd’hui pour Ă©voquer l’obsession de la puretĂ© ethnique.
13. Voir par exemple les pages 22-28 de Robert Wistrich, « L’antisĂ©mitisme musulman, un danger trĂšs actuel Â», traduit par Claire Darmon pour le MĂ©morial de la Shoah  ou l’article de Michel Lachkar : « 2500 annĂ©es de prĂ©sence juive en Afrique du Nord, un monde qui s’Ă©teint Â».

14.  MaĂŻmonide. Voir Wikipedia.
15. Le yiddish est une langue dĂ©rivĂ©e du haut-allemand, transcrite en caractĂšres hĂ©braĂŻques, avec de nombreux apports de l’hĂ©breu.
16. Mot hĂ©breu dĂ©signant l’Espagne.
17. Logique du chaudron. Voir http://www.dundivanlautre.fr/excitation-exces-pulsion-de-mort-feminin-contre-transfert/joel-bernat-la-logique-du-chaudron-chez-freud-ancetre-de-la-logique-du-fantasme ou https://fr.wikipedia.org/wiki/Logique_du_chaudron
18. Dans ce raisonnement fallacieux sur l’étymologie du mot « antisĂ©mite », un arabophone – puisque «sĂ©mite» dĂ©signe une famille de langues et non une quelconque ethnie – ne pourrait ĂȘtre antisĂ©mite, Ă©tant sĂ©mite lui-mĂȘme. Voir : Gilles Karmasyn, L’« antisĂ©mitisme »: une hostilitĂ© contre les Juifs, genĂšse du terme et signification commune


Avec l’aimable relecture de Joseph Hirsch, Fabien Vazquez, Isabelle Kersimon et Jean-Yves Pranchùre.

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5 Responses

  1. Le dĂ©lire anti-identitaire d’un homme qui n’a pas pu choisir entre ses origines et ses noms, pour mieux dĂ©truire les dĂ©mons qui le hantent. Sand a bĂąti sur du sable une thĂ©orie dĂ©lirante sur les Juifs ashkĂ©nazes, dont l’origine et les racines sont pourtant bien connus et d’ailleurs pas une preuve linguistique de l’origine khasar du yiddish, judĂ©o allemand basĂ© sur l’hĂ©breu et l’aramĂ©en et sur l’allemand de leur rĂ©gion et Ă©poque, de mĂȘme que les autres judĂ©o-langues et histoires sont nettement et clairement attestĂ©es sur toute la pĂ©riode. Quid des pogroms des BerbĂšres et Arabes contre les Juifs au cours des siĂšcles ? Et pour revenir Ă  Sand, y a-t-il une seule nation, y compris les nations allemandes et françaises qui ne soit une construction rĂ©cente mĂ©langeant des populations d’origines ethniques diverses. La notion mĂȘme de nation est le fruit, tout comme le racisme, de la pĂ©riode moderne, quand la “Science” et la modernitĂ© politique ont enfin fait comprendre aux EuropĂ©ens romanisants que leurs langues n’Ă©taient plus du latin ou qu’elles Ă©taient le moyen lĂ©gitime de communiquer sur le sol de ces futures nations.

    • Effectivement, le livre de Sand n’est pas un ouvrage historique sĂ©rieux car pas assez sourcĂ©. En revanche, l’histoire juive “officielle” ne l’est pas non plus. Il est fort probable que certains Juifs aient Ă©tĂ© chassĂ©s par les Romains, aprĂšs la destruction du second temple notamment parmi les Ă©lites religieuses. Il n’est pas impossible que ceux-ci aient participĂ© Ă  la diffusion du judaĂŻsme par le prosĂ©lytisme. D’autres, inoffensifs pour le pouvoir romain ont aussi dĂ» rester en JudĂ©e (je veux dire plus que 70 familles) et il y a fort Ă  parier que certains Palestiniens descendent de ces Juifs restĂ©s au pays.
      On va avoir beaucoup de mal Ă  prouver ceci ou le contraire.
      En revanche, vous pointez du doigt quelque chose de trĂšs intĂ©ressant, c’est que si le peuple juif a Ă©tĂ© construit, il en va de mĂȘme pour tous les peuples. DĂ©veloppons cette idĂ©e: On peut donc choisir collectivement que les peuples n’existent pas comme on a choisi collectivement de penser qu’ils existent. Alors l’idĂ©e dangereuse de nation, qui est Ă  l’origine de nombreuses guerres et conflits pourrait cesser d’exister et de tourmenter le monde.
      Certains pensent que l entreprise de Sand se rĂ©sume Ă  dire que les Juifs ne forment pas un peuple, et n’ont donc pas droit Ă  une terre ni Ă  l’autodĂ©termination Ă  l’inverse de tous les autres peuples existants. C’est le cas de l antisĂ©mite Soral.
      Au contraire, d’autres imaginent que l’entreprise de Sand est celle de dĂ©montrer qu’aucun peuple n’existe vraiment. Tout au plus existe-t-il des traits culturels communs…
      On oppose clairement ici au nationalisme Ă©triquĂ© une vision trĂšs internationaliste du monde. Mais n’est-ce pas l’origine mĂȘme des Juifs d’ĂȘtre internationalistes, eux qui, avant d’ĂȘtre les habitants du royaume de JudĂ©e ont Ă©tĂ© les HĂ©breux (Ivrit: ceux qui passent)?
      Au delĂ  des Juifs, n’est-ce pas lĂ  l’histoire de toute l’humanitĂ© ou presque ??

  2. Attention, contrairement Ă  la lĂ©gende de la figure, ce n’est pas la couverture de “La victoire de la judĂ©itĂ© sur la germanitĂ©” (1879) qui illustre l’article, mais celle de l’ouvrage suivant de Marr, “La voie vers la victoire de la germanitĂ© sur la judĂ©itĂ©” (1880).
    Sinon merci d’avoir relevĂ© aussi en dĂ©tail les contradictions auxquelles mĂšnent tous les discours “essentialisants”, qui fondent le culturel sur le gĂ©nĂ©tique…

  3. Bonjour et merci pour votre mise au point.
    Je n’ai pas plus que ça envie de lire cet ouvrage alors peut ĂȘtre que vous pourriez m’Ă©clairer. Y a-t-il un moment du livre oĂč Lacassagne parle des arabes comme des sĂ©mites ou du moins d’une race sĂ©mite tel quel ?
    Ce serait assez scandaleux de mauvaise foi…

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