François Rachline
Retour sur l’expression « peuple élu », si chère aux propagateurs d’antisémitisme, et dont François Rachline* montre en quoi elle relève d’une lecture erronée des textes bibliques.
Des siècles d’usage ne font pas une vérité
La notion de « peuple élu » est née d’une traduction hâtive, ou maladroite, ou bien encore volontairement orientée, de quelques passages bibliques. Cette note propose d’y regarder de près. Il n’est pas question d’affirmer que cela expliquerait l’antisémitisme, mais de défendre l’idée que cette mésinterprétation l’a entretenu, longtemps avant que le mot lui-même soit apparu, et qu’elle continue à l’alimenter.
Si la Bible prétendait vraiment que les Hébreux sont un « peuple élu », il y aurait de quoi rendre antisémite n’importe qui. Au nom de quoi se placer au-dessus de tous les autres peuples ? Cette outrecuidance est en tout cas reprochée aux juifs par tous les antisémites du monde, en confondant d’ailleurs allégrement « peuple hébreu » et « peuple juif ». Tout le problème est que l’expression « peuple élu » relève du mythe. C’est une idée reçue qui a la vie dure, passée dans le langage courant, pour ainsi dire entérinée par des siècles d’usage, de Tacite à Hitler, parfois nourrie, involontairement, par certains juifs, qui, peut-être, y trouvent un motif de fierté. Des siècles d’usage impropre transforment-ils une erreur en vérité ? Suffirait-il d’affirmer durablement que la terre est plate pour qu’elle le devienne ?
Pas de « peuple élu » dans la Bible hébraïque
Le lecteur peut chercher partout l’expression « peuple élu », ou l’idée qu’elle porte, dans l’ensemble de la Bible hébraïque – l’Ancien Testament – il ne la rencontrera jamais. Celle-ci, en hébreu, s’écrirait ‘am nivhar (le h souligné, qui correspond à la lettre het, se prononce à peu près comme la jota espagnole). Elle ne parle que de ‘am ségoulah, notamment trois fois au moins dans le Deutéronome, le dernier des cinq livres de la Torah. Au chapitre 7, verset 6, la traduction de Jacques Kohn, dite du rabbinat, est la suivante : « Car tu es un peuple consacré à l’Éternel, ton Dieu : il t’a choisi, l’Éternel, ton Dieu, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. » Une singularité, certes, mais pas d’élection proprement dite, ici. Cependant, le verset 2 du chapitre 14 donne, dans la même version : « Car tu es un peuple consacré à l’Éternel, ton Dieu, et c’est toi qu’il a choisi, l’Éternel, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples répandus sur la terre. » Un doute peut apparaître : le choix ne débouche-t-il pas sur une élection ? Enfin, chapitre 26, verset 18, on peut lire : « Et l’Éternel t’a glorifié à son tour en te conviant à être son peuple privilégié, comme il te l’a annoncé, et à garder tous ses commandements. »
Que signifient exactement « peuple spécial » ou « peuple privilégié », que le traducteur utilise pour rendre ‘am ségoulah ? En aucun cas « peuple élu ». Pour bien comprendre cela, il faut rappeler la caractéristique suivante de l’hébreu : les verbes sont formés pour la plupart d’entre eux (plus de 95%) à partir de trois lettres, qui en constituent la racine. Des vocables construits avec trois lettres semblables entretiennent dès lors des rapports de proximité. Par exemple, il est possible de rapprocher le verbe « rassembler », qui se dit léhakhol (les verbes en hébreu commencent majoritairement par lé, li ou la, comme les anglais par to) avec le mot « communauté » ; qui se dit kahal, parce que le premier a pour racine k, h, l (en hébreu, kouf, hé, lamed) de même exactement que le second. Ce qui n’est pas valable pour un rapprochement que certains effectuent entre sinah, la haine, et le Sinaï, pour fonder l’antisémitisme sur le rôle joué par le mont Sinaï dans la révélation des Dix Commandements. Sinah s’écrit shin, noun, aleph, hé (che, n, aleph, h) tandis que samer, yud, noun, yud (s, y, n, y) donne Sinaï. Les deux n’ont rien à voir, sinon phonétiquement, un peu comme en français sport et spore, canne et cane ou plainte et plinthe, par exemple.
En ce qui concerne le mot « ségoulah », il a la même racine, exactement, que les deux verbes, léhistagel, « s’adapter », et lésagel, « aider quelqu’un à s’adapter ». Il peut vouloir dire aussi « avoir été capable de changer » dans la forme mésougal, « je suis/je me suis adapté ». Il faut être ignorant ou malveillant pour repérer ici une élection, même si cette dernière notion mérite un examen particulier, comme on le voit plus loin. Traduire ségoulah par « spécial » ou « singulier » n’est guère convaincant. C’est d’adaptation qu’il s’agit avant tout.
Nous voici donc maintenant devant une autre question : que signifie « peuple adapté », ou « adaptable » ? Adapté ou adaptable à quoi ?
Comment traduire cette singularité ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de mettre en correspondance les formulations signalées du Deutéronome avec celles du quatrième livre de la Torah, le Lévitique. Au verset 2 du chapitre 19 de celui-ci, l’Elohîm d’Israël – le tétragramme imprononçable, YHWH – déclare à Moïse : « Parle à toute la communauté des enfants d’Israël et dis-leur : Soyez saints ! Car je suis saint, moi l’Éternel, votre dieu ».
Il y aurait de quoi, ici encore, sauter au plafond. Les enfants d’Israël seraient saints parce que leur dieu est saint ? Au nom de quoi, une fois de plus. Le mot « saint » souffre cependant d’une ambiguïté. Depuis des lustres, il est entré dans le langage courant pour qualifier une élévation spirituelle, un modèle de vie et de perfection. Dans ce verset, comme deux autres fois où ce terme est utilisé dans le Lévitique (chapitre 11, verset 45, et chapitre 20, verset 26), « saint » traduit le mot hébreu kadosh. Celui-ci a exactement la même racine que les verbes lékadesh, léhakdish et léhitkadesh, soit « consacrer », « dédier », « se consacrer à » (ou « se dédier à ») : (k, d, sh – en hébreu kouf, daleth, shin). Certes, « se consacrer à », comme « consacrer », peut évoquer une action qui relève du sacré, qui renvoie donc à quelque chose de saint, mais il est également possible de se consacrer à élever un enfant ou consacrer du temps à aider quelqu’un. Le caractère sacré n’est pas intimement lié à la consécration, nous le savons bien quand nous évoquons un artiste universellement reconnu. Ces trois verbes hébreux expriment l’idée d’une séparation, le fait de réserver du temps à, d’agir différemment des autres, et aussi d’être à part. Ainsi devient-il possible d’entendre le verset 2 du chapitre 19 du Lévitique d’une toute autre façon. Une traduction plus fidèle à la substance du texte hébraïque serait : « Parle à toute la communauté des enfants d’Israël et dis-leur : Vous serez différents ! Car je suis différent, moi YHWH votre Elohîm. »
Être humain en devenir
En quoi les Hébreux seraient-ils différents des autres peuples ? À l’époque où Moïse transmet cette recommandation, tous les peuples sacrifient des êtres humains – y compris des enfants – à leurs idoles, travaillent et font travailler les esclaves sans interruption, méprisent père et mère si nécessaire, assassinent à tout va, se livrent à des orgies adultérines, convoitent et s’emparent des biens d’autrui. Les Hébreux, pour leur part, sous l’impulsion de Moïse, se donnent d’abord un Elohîm (mot général dans la Bible pour tous les dieux, sans exceptions, aussi bien Amon que Baal ou Mardouk) non représentable, impossible à nommer, omniprésent, invisible, et, ainsi que l’affirme la prière fondamentale du judaïsme, le shema Israël, qui est un – pas unique, puisqu’il existe des milliers de dieux, ce que n’ignore évidemment pas la Bible, mais un, c’est-à-dire, là encore, totalement différent de tous les autres dieux. Leur différence vient aussi de ce qu’ils doivent se conformer aux commandements du Décalogue, lequel prescrit de récuser toute idole et propose de construire une éthique radicalement distincte de celles existant à leur époque : se souvenir de la servitude en Égypte, respecter un jour de repos hebdomadaire, renoncer aux sacrifices humains, respecter père et mère, ne pas assassiner, écarter l’adultère, ne pas convoiter les biens d’autrui, quels qu’ils soient.
L’attention doit encore être attirée sur ce qui pourrait passer pour un détail, mais qui revêt une grande importance. Dans sa traduction courante, le verset du Lévitique évoqué ci-dessus emploie l’impératif, « soyez différents (saints) », comme si c’était tout à la fois un compliment, un statut ou une récompense. Or, l’hébreu utilise le futur, « vous serez », pas dans le sens où la chose est acquise, mais seulement à condition de respecter les commandements bibliques, ce que d’ailleurs exprime explicitement le verset 18 du chapitre 26 du Deutéronome. Le futur hébraïque signifie « à partir de maintenant et pour toujours », dans la mesure où cette langue ne connaît que deux temps : l’accompli (passé) et l’inaccompli (avenir). Être différent des autres peuples de l’époque est donc une conquête, pas une récompense ou une qualité. « Travaillez à être différents », « efforcez-vous de l’être », voilà ce que prescrit le texte.
Dit autrement, il s’agit de l’élaboration d’une éthique. Nous savons qu’il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier, que rien n’est jamais acquis à l’être humain, juif ou pas.
Une éthique du respect de tous
Nous pouvons maintenant revenir à l’idée d’un « peuple adaptable ». La philosophie qui se dégage du texte biblique est que le peuple hébreu, initialement semblable à tous les autres, s’en sépare pour élaborer une éthique du respect de soi-même et du respect d’autrui. Moïse, à qui revient la tâche de conduire ce peuple, non pas seulement vers une terre « promise » mais vers une hauteur morale nouvelle, affirme qu’il en est capable, qu’il pourra s’adapter à ce nouveau monde spirituel. Le Décalogue s’offre à tous, mais il n’est pas facile, pour chacun, d’en suivre les prescriptions. La Bible adresse ainsi un message au peuple hébreu : vous serez apte, si vous consentez à l’effort. En termes contemporains, nous dirions que c’est un discours positif propre à stimuler la volonté : si vous êtes persuadé que vous pouvez le faire, vous y arriverez.
Ainsi, non seulement le peuple hébreu s’est doté d’un Elohîm radicalement différent de tous les autres, le tétragramme YHWH qui ne peut être nommé, mais il s’assigne de devenir différent aussi par sa conception de l’existence. Il adhère à l’idée d’une élévation spirituelle et morale, difficilement d’ailleurs si l’on veut bien se souvenir de la persistance de cultes idolâtres longtemps encore après l’épisode du Veau d’or. Cela en fait-il un peuple élu ? La réponse est non. Un prophète comme Amos, mort en 745 avant notre ère dans le royaume de Juda, conscient du danger que pouvait représenter la fierté d’être à part, mettait en garde les Hébreux – ressortissants de ce royaume qu’on appelait déjà les Juifs – contre une prétention injustifiée, en écrivant (chapitre 9, verset 7) que l’Elohîm avait traité comme eux « les fils de l’Éthiopie », les « Philistins de Cafter et les Araméens de Kir » (Am. 9/7), et qu’ils ne pouvaient donc pas tirer avantage d’être un ‘am segoulah. Amos rappelait ainsi, et fort justement, qu’être différent ne signifie pas être supérieur.
Tous les peuples de la terre sont, d’une manière ou d’une autre, les « élus » des dieux qu’ils se sont choisis, c’est-à-dire qu’il existe une relation intime entre eux et leur(s) divinité(s) qui permet de dire que le choix est réciproque. En ce sens, les Hébreux sont les « élus » de leur Elohîm comme celui-ci est leur élu. Dans le cas qui nous concerne, s’il devait exister une « élection », ce serait celle du devoir d’adaptation à une éthique humaniste, même si ce mot est totalement anachronique à l’époque biblique.
Une expression à bannir
La conséquence de l’analyse présentée ici est qu’un petit dérapage dans une traduction peut engendrer des conséquences majeures, une sorte d’effet papillon sémantique. Il serait bien entendu naïf de croire annuler l’antisémitisme en corrigeant ce type d’erreur, mais il serait désolant d’y renoncer, au motif que les chances d’aboutir sont minces. Que le monde entier pense que les Hébreux ont traversé la Mer rouge, alors que le texte biblique parle de yamsouf, le Lac (ou la petite mer) des roseaux, n’est finalement pas très grave. Mais que l’on continue d’employer l’expression « peuple élu » témoigne de l’emprise de l’ignorance, l’une des plus sûres alliées de l’antisémitisme.
* François Rachline, président de la commission Mémoire, histoire et droits de l’homme de la LICRA, est, notamment, l’auteur d’une trilogie consacrée à une lecture philosophique de la Bible, publiée chez Hermann entre 2010 et 2018 : La loi intérieure, Au commencement était le futur et Un monothéisme sans dieu. Son site : francoisrachline.fr
Première parution de ce texte sur le site du Cercle de la Licra, octobre 2019.
Trois réponses aux contradicteurs
(Addenda 13 juin 2020)
Interpellé sur les réseaux sociaux, qu’il ne fréquente pas, François Rachline, ouvert à la discussion, apporte trois réponses à ses contradicteurs.
1/ Le mot hébreu ségoulah est effectivement traduit par « trésor », ce qui est le cas trois fois dans la Bible, quand il est employé seul (Exode 19/5, Malachie 3/1, Chroniques 29/3). Trois autres fois, en revanche, il est employé avec ‘am (Deutéronome 7/6, 14/2, 26/18). Traduire ‘am ségoulah par « peuple trésor », « peuple choisi » ou « peuple élu » est ambigu, notamment parce que cela laisse croire que les Hébreux seraient de naissance un peuple de qualité. Si on conserve ces traductions, il faut alors expliquer que ce n’est pas un peuple a priori précieux ou choisi pour sa préciosité, mais capable de mettre en œuvre l’éthique mosaïque. Il est donc préférable de faire référence à l’idée d’adaptation, de capacité à faire, comme je le propose dans ma note.
Oui, le mot « choisi » est utilisé dans la Bible, je n’ai jamais écrit le contraire. L’expression « peuple choisi », elle, en est absente. Il suffit de lire ma note avec un peu d’attention pour y voir sa logique. Si on veut à tout prix conserver l’expression « peuple élu », il faut alors préciser qu’il ne s’agit que d’une élection par le devoir, c’est-à-dire par l’effort pour atteindre la justice. Il n’existe aucune « élection a priori ». Cette précision est trop fine pour qu’un antisémite s’y arrête. Mieux vaut dissiper toute ambiguïté.
Enfin, la notion de « choix divin » est elle-même ambiguë, puisque le choix est réciproque : ce sont les Hébreux qui ont décidé de s’adapter à l’Elohîm très particulier qu’ils se sont donné, YHWH, et qui, à partir de là, ont imaginé un monde meilleur, fondé sur la construction d’une éthique nouvelle.
2/ Un « petit dérapage » dit ma note, peut engendre des effets considérables. Il m’est opposé qu’on ne peut pas réduire la question du « peuple élu » à une simple erreur de traduction. Je suis d’accord avec cette position. Ma note ne soutient pas cette idée. Elle part d’une traduction contestable pour en examiner les conséquences. Elle ne s’intéresse qu’au texte biblique dont on dispose, et propose de changer la perspective d’une « élection ». À la fois pour une raison sémantique, et stratégique de lutte contre les antisémites.
Il ne faut pas oublier le sens de la note, que je peux résumer ainsi : à l’époque (quelle qu’elle soit) où surgit le texte biblique (quels qu’en soient les auteurs), le Décalogue (pour s’y limiter) tranche sur toutes les pratiques contemporaines. Pour y adhérer, afin de construire une éthique différente de celles alors en cours, il fallait parier sur un changement profond de comportement. C’est ce que permet d’avancer la mise en relation entre la notion de « peuple élu » et l’idée de différence inscrite dans le mot kadosh, qui signifie aussi « à part », fréquemment traduit par « saint ». C’est pourquoi le texte interpelle chaque Hébreu pour qu’il agisse différemment et qu’il travaille à une société plus juste. C’est la raison pour laquelle ma note propose de privilégier l’idée d’adaptation plutôt que celle d’élection, avec un fondement grammatical. Souvenons-nous de ce que pensait Montaigne : « La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes » (Livre II, Chapitre XII).
Je suis tout à fait d’accord pour dire aussi que la Bible n’est pas un bloc, mais je lis les textes qu’elle contient, en particulier la Torah, où la question du « peuple élu » est abordée le plus directement. Le judaïsme rabbinique est une chose ; le texte biblique une autre. La lecture rabbinique, aussi passionnante soit-elle, aussi légitime soit-elle, aussi puissante soit-elle, reste une interprétation. Si donc la « critique textuelle » s’impose, me semble-t-il, je suis d’accord pour dire qu’il n’y a pas de texte original et pur, mais il y a tout de même le texte de la Torah dont nous disposons. C’est en le lisant que je suggère une autre approche que celle de l’élection pure et simple.
Concernant les traductions, je trouverais très intéressant de comparer celles de la Septante, de saint Jérôme, etc., mais cela relève d’une analyse qui me semble décalée par rapport au propos tenu dans la note. La traduction retenue est celle qui a fini par conquérir les esprits. Il est possible qu’elle soit née à telle ou telle époque, mais elle est devenue pour ainsi dire une réalité idéelle. C’est cela qui est mis en cause dans ma note.
Pour ce qui est de l’usage contre l’antisémitisme et les antisémites, cela discute. Ma position est que tout ce qui permet de les combattre doit être mobilisé, à condition, bien sûr, que les arguments soient fondés.
3/ Si ma note ne fait pas référence au « judaïsme rabbinique », ce qui est exact, c’est qu’elle s’intéresse d’abord au texte (voir ci-dessus). De même pour la liturgie, dont il n’est pas question de nier l’importance. Il est cependant regrettable que cette dernière entérine une ambiguïté (ce n’est d’ailleurs pas la seule).
Je suis tout à fait d’accord pour dire que c’est le sens qui prime, ce qui est justement, me semble-t-il, le but de ma note (je ne vois pas à quelle confusion il est fait allusion entre l’hébreu biblique et l’israélien d’aujourd’hui). Pour la critique « interne », je constate une convergence avec la note. Pour la critique « externe », une précision, sur la base d’un accord à trouver : les religions universelles veulent effectivement « étendre cette préférence à l’humanité entière et parfois de toutes les manières possibles », tandis que la « religion universaliste d’un peuple », non. D’une part, je ne suis pas certain que le texte hébraïque puisse se réduire à une religion ; d’autre part, l’universalisme de la Bible se trouve dans l’interpellation individuelle (tu n’assassineras pas, tu ne voleras pas, etc.), comme l’avait magnifiquement compris Hillel (« Ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui »). À partir de soi, il est possible de concevoir un universalisme généralisé, si j’ose dire, sans jamais imposer quoi que ce soit, alors que toute autre démarche à prétention universelle suppose ou la contrainte ou l’exclusion – pour ne pas dire plus – de qui ne s’y plie pas.
Je tiens à dire que je suis très heureux des critiques adressées à ma note. Je suis aussi prêt à poursuivre la discussion avec ceux qui ne qualifient pas de mensongères mon analyse et mes interprétations.
One response
[…] le fait qu’il ne comprend absolument pas la notion de peuple élu (voir, qui plus est, la remise en cause qu'opère François Rachline de cette expression) — voire qu’il opère un complet renversement sémantique et théologique —, Michel Onfray […]